Histoire et Patrimoine

Histoire de Traînou

(Tirée en partie du mémoire de M. CHAMPION du 25 février 1881.)

Les cartulaires des anciens rois ont désigné Traînou avec différentes orthographes :

  • Trianum
  • Trianus (latin)
  • Triganou (pendant l’époque médiévale)
  • Triniou (en 1580)
  • Traisnou (en 1649)
  • Tresnoues (en 1671)

En 1791, l’Assemblée Nationale officialise l’orthographe de Traînou 

En 1986, lors de la création des armoiries de Trainou, se détermine la dénomination du gentilé : les trianiens, puis de l’orthographe de Trainou sans accent circonflexe sur le i, par l’Académie Française. 

Rapide Historique

L’origine de Trainou est une source, celle de Crénolle, Trénole (orthographe ancienne, peut-être à l’origine du nom Trainou) située en pleine forêt… Des trouvailles de pierres taillées et polies sont courantes. 

Pendant la période gauloise, il est communément admis que chacune des sources était vénérée pour les pouvoirs bénéfiques de leur eau. Quelles étaient les vertus de la source de la Crénolle ? A cette période, nous sommes en plein système druidique avec son culte des sources … Des constructions en bois ont pu apparaître près de la source trianienne. 

Des chemins gaulois assuraient les relations entre les différentes peuplades. Ici, des relations commerciales existaient entre les Carnutes et les Senons voisins. Le passage frontalier était situé aux alentours d’Ingrannes. Avec la romanisation de la Gaule, une grande route fut instaurée entre Orléans (Genabum) et Sens (capitale sénonaise), une voie dite « romaine », pavée sur tout son parcours. 

Jules César, lors de la « Guerre des Gaules » emprunta cette voie pour aller délivrer Orléans des révoltes gauloises. Toute l’armée de César est donc passée à Trainou ; il lui a fallu trois jours pour parcourir Sens-Orléans. 

Plus tard, c’est au tour d’Attila et de ses hordes de Huns d’emprunter les voies de la région. Il fit demi-tour devant Orléans chassé par Saint-Aignan, et fut anéanti au champs Catalauniques (Châlons-en-Champagne).  

L’année 2023 jubilé de Saint-Loup né à Saint-Jean-de-Braye, nous rappelle son passage à Trianum lors de son voyage pour devenir évêque de Sens.  

À la période gallo-romaine, construction sur le territoire de villas (entreprises agricoles) dont peut-être trois principales avec des noms différents d’où l’appellation du tria-num (voir les armoiries actuelles de Trainou. Présence d’une communauté mérovingienne à Trainou, notamment sur le site de la Motte-Moreau avec une construction en bois. Christianisation du lieu aux environs de 670/700. 

Présence d’une chapelle à Trainou sous le vocable de Saint-Fiacre près de la source de la Trénolle (Crénolle), le long de la voie romaine. 

Présence d’un monastère au lieu-dit Cléchy. Une chapelle sous le vocable de Saint-Pierre y est attachée (923/931) le roi Raoul donne cette paroisse à Anselme, évêque d’Orléans pour l’entretien des chanoines de Sainte-Croix (voir la Grand-maison)  

Rattachement des « villae Triganou » au chapitre de Sainte-Croix d’Orléans, en même temps que celle de Germigny-des-Prés. 

Découvertes archéologiques d’un habitat rural conséquent (XII-XIIIème siècle). 

Construction du clocher selon les principes romans … Jamais terminé, l’élévation des murs est conçue pour supporter une flèche. L’élément carré que l’on voit aujourd’hui n’est qu’une toiture provisoire. Il faisait partie de l’ensemble médiévale de la maison forte de la Fauconnerie appartenant à la famille « du Lac ». 

Après la guerre de cent ans (1337-1453) reconstruction de l'ensemble de l'église

Un début de construction du bas-côté nord. Seulement 2 chapelles y seront établies dans le prolongement de celle du rosaire. Qui en est le commanditaire ?

Les écus des clés de voûte n’ont pas été sculptés. Rénovation de l’ensemble de l’église, reconstruction du chœur, du chevet, des voûtes de la chapelle Saint-Pierre… (voir appareillage des murs et des contreforts si caractéristiques).

Observez les ouvertures du bas-côté : celle de la chapelle mariale est de style roman avec une croisée gothique ; les autres sont de style gothique avec des croisées renaissance… 

Rattachement de la paroisse de Cléchy (Saint-Pierre) à celle de Traînou. L’église de Traînou est placée sous de nouveaux vocables Saint-Fiacre et Saint-Pierre. 

Le 23 mai 1684, inhumation dans le chœur de l’église de Traînou de Claude du Lac, écuyer, sieur de la Fauconnerie, sans descendant mâle, dernier seigneur de Trainou… 

  • 1731 – le curé Darnault relate le « miracle de Trainou ». Pose d’une caissette commémorant ce miracle dans la façade. 
  • 1787 – Construction d’une première voûte en planches dans la nef. 
  • 1850 – Démolition de la galerie-caquetoire de façade empiétant sur le parvis. 
  • 1866 – Construction d’une seconde voûte surbaissée en plâtre. 
  • 1876 – Reconstruction de la façade sur la place. 
  • 1881 – La chapelle Saint-Fiacre devient Saint-Pierre. Percement des ouvertures du soubassement du clocher qui devient ainsi chapelle Saint-Fiacre. Installation de vitraux colorés, toujours en place. 
  • 1906 – Séparation de l’église et de l’état : l’entretien de l’église échoit à la commune. 
  • 1919 – Le dernier curé de Trainou, l’abbé Dujeu se tue en faisant une chute au travers du faux-plafond en plâtre devant la grande porte d’entrée, vers les fonts baptismaux. Enterré dans le cimetière de Trainou, sa sépulture est entretenue régulièrement par la commune. 
  • 1953 – le 16 mai, inauguration d’une nouvelle rénovation de l’église (retransmission radiophonique). 
  • 1998 – le 25 octobre, installation d’un nouvel autel dans le chœur (en provenance d’une communauté religieuse orléanaise après un séjour à Saint-Benoît-sur-Loire). 
  • 2005 – Dernière rénovation de l’église avec la participation de Peintarel/Patrimoinel. 

Recherches historiques et réhabilitation des différents objets, mobilier, statuaire et clés de voûte par l’association Peintarel et les paroissiens.  

Le bourg actuel et son église

Les origines de l’église dédiée à Saint-Pierre et à Saint-Fiacre se situeraient entre le Xème et XIème siècle. Cet édifice est composé d’une nef centrale percée de trois travées dont deux en plein cintre et la troisième en ogive. Au XIème siècle, la chapelle Saint-Pierre fut édifiée à la suite de la chapelle Saint-Fiacre.

Au XIIème siècle, cette église devint rectangulaire et fut bientôt agrandie sur le plan cruciforme, la croisée de transept porte en effet, à droite et à gauche, deux arcs romans.

Au XVIème siècle, un gros clocher carré dû être entièrement repris au-dessus de la chapelle Saint-Fiacre mais il ne fut pas achevé.

Au XVIème siècle, le chœur fut refait avec un brevet plat et une magnifique ouverture Renaissance lui donne la lumière du soleil levant. Vers 1876, des travaux importants de rénovation de la façade eurent lieu. Dans les démolitions, on a découvert une caissette contenant des ossements d’un agneau reposant sur des branches de buis (on ignore les raisons de ce dépôt à cette place d’honneur.)

Dans le chœur de l’église fut inhumé le 23 mai 1684, Claude du Lac, écuyer, Sieur de Montisambert et de Traînou, aussi appel Sieur de la Fauconnerie ; il était descendant de Lancelot du Lac et le dernier Seigneur de Traînou dont il soit parlé dans les registres de la paroisse.

N.B : La Fauconnerie était un château, bâti au sud de l’église. Un souterrain en forme de couloir voûté en plein cintre reliait la cave de ce château à l’église. Démoli vers 1800, il figure sur le Plan forestier de la Garde de Neuville.

La forêt d'Orléans

Les bois de cette forêt domaniale qui font partie de la commune pour 855 ha et qui la bordent appartenaient, avant 1789, en partie au Duc d’Orléans et une autre partie au Chapitre de la Cathédrale d’Orléans. Ceux qui ont cette dernière origine portent encore le nom de Bois de Sainte-Croix. A la Révolution, ces bois comme ceux du Duché d’Orléans furent réunis au domaine de l’Etat.

Les habitants de Traînou sont au nombre des riverains qui ont exercé en forêt, les droits d’usage et de pâturage.

Droit d’usage : droit pour tout indigent de la commune d’enlever le bois mort, la bruyère et les herbes.
Droit de pâturage : donne faculté à tous les habitants de conduire les bêtes au pâturage dans la forêt.

Traînou Aujourd'hui

Le moulin de Traînou

Ce moulin fut d’abord appelé moulin de la Fosse des Flûteaux puis des Noyers et fut construit en 1827. Jules Cochin en devînt propriétaire en 1899. En 1935, Traînou comptait 7 moulins à vent.

Il fût rénové et agrandit par Jules-Arthur Cochin qui le dota d’une tourelle et d’une seconde paire de meules. Plus tard, un moteur vint compléter  l’installation et une courroie extérieure permettait d’utiliser les meulages à discrètion. Le moulin écrasait environ 940 quinteaux de blé par an. En 1941 , face aux tracasseries administratives le vieux moulin qui, selon le dernier meunier , André Cochin , ne possédait alors plus que 2 ailes , fut abattu.
Le moulin Cochin fut le dernier à disparaître à Traînou et était l’un des derniers du Loiret à fonctionner à l’aide d’une locomobile .

Crash du B-24

Pendant la guerre mondiale 1939-1945, un avion américain (bombardier B-24 D Liberator) nommé Los Angeles City Limits s’est écrasé à Traînou, dans sa Fôret. Aujourd’hui, une stèle est érigée, sur la route D124 en direction de Sully-la-Chapelle, en hommage aux morts et aux événements qu’ils prolongent.

L'étang de Traînou

Il fut creusé dans les années 80. Il se trouve sur la voie romaine d’Orléans-Sens et jouxte la fontaine de Saint Pierre qui était un lieu d’offrande.
Aujourd’hui, il accueille un parcours de santé, d’orientation, c’est un lieu de pêche, de détente et le lieu de promenade préféré des Trianiens.

Le pylône TDF (Télédiffusion de France)

La commune est reconnaissable au pylône TDF de 199 m de haut, monté depuis 1968, qui diffuse la radio, la télévision et la TNT (Télévision Numérique Terrestre) spécifique pour le canal 63, sur l’ensemble du Loiret, de l’Eure-et-Loir et une partie du Loir-et-Cher. 

Ce site dessert 550 000 habitants. 

Ce pylône sert également de mesure pour le gaz à effet de serre de l’Orléanais. 

Cette nouvelle station de l’observatoire RAMCES vient compléter les mesures aéroportées effectuées au-dessus de la forêt d’Orléans depuis 10 ans. Des lignes de prélèvement descendent de trois niveaux et permettent d’échantillonner les masses d’air selon la verticale. Une ligne spécifique doit être aménagée pour mesurer le Radon gazeux. La station est entièrement automatisée et contrôlable à distance. 
Celle-ci fonctionne en continu depuis le début de l’année 2007. 

« Le choix du site de Traînou est fonction de critères scientifiques : au milieu de l’Europe de l’Ouest, suffisamment loin des sources anthropiques (zone rurale), absence de relief, et logistiques (proximité du LSCE pour des opérations de maintenance). De plus, l’instrumentation de la tour de TRAINOU permet de disposer de mesures en continu dans les basses couches de l’atmosphère, qui sont complétées par des profils verticaux avec un avion de tourisme (des vols au-dessus de la forêt d’Orléans entre 100 et 3000 mètres sont faits de manière hebdomadaire et ce, depuis dix ans). On a ainsi accès aux gradients verticaux de toute la colonne d’air. Avec ces données continues à haute précision, nous avons donc accès à plus d’informations. Le site de Traînou constitue donc un « super site ». 

Cyril Messager (TDF)

Aller au contenu principal